Poule au pot

Il en ferait une tête Henri IV s'il voyait sur les marchés cette débauche de gallinacés aux noms incertains... ! La brave poule qu'il souhaitait voir chaque paysan de France mettre au pot le dimanche devait avoir le jarret plus ferme, la chair plus musclée, la saveur plus spécifique. Nos « poules » d'aujourd'hui sont souvent si molles qu'il peut être difficile de leur appliquer les traditionnelles recettes. Mais songeons que tout le monde n'habite pas les grandes villes et que dans les villages on a encore le plaisir de rencontrer d'honnêtes et authentiques poules ayant picoré du grain un peu partout au gré de leur fantaisie. Alors vive Henri IV !
Au fait, la légende repose-t-elle sur un témoignage précis ? Un texte d'Hardouin de Péréfixe évêque de Rodez paru, il est vrai en 1664 plus d'un demi-siècle après la mort du bon roi, relate une conversation du Vert-Galant avec le duc de Savoie au cours de laquelle il aurait déclaré : « Si Dieu me prête encore la vie, je ferai qu'il n'y aura point de laboureur, en mon royaume, qui n'ait le moyen d'avoir une poule dans son pot ». Et la mémoire populaire semble bien avoir gardé souvenir de cette louable intention, puisqu'à l'annonce des réformes de Turgot (homme politique et économiste), au début du règne de Louis XVI, on chantait encore :
« Enfin, la poule au pot va enfin être mise
On peut du moins le présumer
Car depuis deux cents ans qu'elle nous est promise
On n'a cessé de la plumer »
Une autre poule longtemps attendue, jamais venue, c'est la fameuse poule aux oeufs d'or. Qui sait, elle est peut-être en route...

  

Samedi soir, à la veillée,
Choisissez, de mine éveillée,
Pour ce plat qui nous est si cher
La belle poule bien en chair,
Reine du poulailler gascon.
Sans y mettre aucune façon
Vous la saignez et la plumez,
La déjabotez, la videz
En prenant garde, simplement,
De la fendre correctement.
Ceci fait, pour avoir la farce,
Vous mêlerez, dans une tasse,
Trois oeufs entiers, cinq gousses d'ail
Que, sans plaindre votre travail,
Auparavant vous hacherez
Aussi finement que vous pourrez.
Ajoutez, l'émiettant, du pain,
Et voilà votre farce en train !
Et vous aidant d'une cuillère
Emplissez, de belle manière,
Et puis recousez le jabot.
La retournant de bas en haut,
Après avoir garni la bête,
Recousez-la. La poule prête
Vous la mettez au pot-au-feu
Tiède, mijotant sur le feu,
Et contenant quelques carottes,
Trois gros oignons, une ou deux bottes,
Si vous en trouvez, de poireaux,
Que vous choisissez longs et beaux.
Faites bouillir votre marmite
Très doucement ; quand elle cuite
Retirez la poule et coupez
Ce que vous aviez bouté
Pour la tenir, autour des ailes
Et des cuisses. Foin de ficelles !
Lorsque vous vous régalerez
De ce plat fin, vous penserez
Un court instant, ce sera chic,
Au bon vieux temps 'dou noste Henric'

Envoyé par Ondine - Belgique


Date de création : 05/03/2015 14:02
Catégorie : - Poule
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